LES ROUTES DE LA LAVANDE 2010
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Doit-on parler d’UN paysage lavande ou DES paysages-lavande ? La diversité des territoires – à travers leurs
contraintes naturelles – ainsi que l’histoire même de la culture lavandicole, ses contingences et ses évolutions
délimitent plutôt 3 grandes catégories de “paysages lavande” :
> La lavande-site : Plateaux ondulés, espaces ouverts, horizons grandioses soulignant courbes et ruptures
des sols et des reliefs, villages en balcon ou en fond de vallon, comme spectateurs attentifs de la campagne
cultivée : lavande ou lavandin, partagés avec les céréales, le témoignage d’une agriculture qui veut tenir bon,
au prix de la spécialisation et de la concentration des exploitations. Exemples : les plateaux d’Albion et de
Valensole.
> La lavande des hauteurs : Vallées perchées, reliefs marqués, climat rigoureux, terres peu fertiles : c’est
la lavande des pionniers, alors cueillie ou cultivée avec difficulté, forte aujourd’hui en émotions – souvenirs
pour les plus anciens, découverte inattendue d’une lavande “vraie” pour les promeneurs des années 2000 – à
forte identité et valeur patrimoniale. Exemples : le pays dignois, le Haut Diois.
> La lavande-mosaïque : Moyenne montagne sèche et coteaux, villages concentrés dans les vallées,
proches des axes de circulation : c’est la lavande de la mixité, sciemment installée, élément incontournable -
aisément repérable par le visiteur à partir des crêtes et cols environnants - d’un ensemble voué aux cultures
traditionnelles de Haute-Provence, oliviers, vignes, fruits, plantes aromatiques… Exemples : Dieulefit, les
Baronnies.
Au XIXème siècle, sur les hautes terres de Provence, la lavande sauvage couvre les collines, favorisée par le pâturage
intensif des moutons. L’expansion à Grasse des industries de la parfumerie provoque une forte progression de la
demande de plantes à parfum. La cueillette de l’aspic et de la lavande fine, jusqu’alors effectuée par les bergers et
quelques paysans, se généralise et s’organise. Au milieu du XXème siècle, la mécanisation et l’amélioration de la
productivité des plants de lavandins par hybridation favorisent l’intensification de la culture de l’or bleu. De
nombreuses familles agricoles vivent essentiellement de la lavande. La fin du XXème siècle marque un tournant.
Avec l’émergence de nouveaux pays producteurs (Chine, Europe Centrale), la chute des cours, l’intensification
maximale de la culture et les premiers effets du dépérissement, le nombre de lavandiculteurs décroit, de même que la
surface cultivée. Le paysage change, la lavande « bouge » de plus en plus rapidement. Dans les années 2000,
l’apparition de nouveaux débouchés, notamment celui du bien être, permet de maintenir le nombre de producteurs et
tend à encore améliorer la qualité de la production.