Fondation Carzou à Manosque 04
Lili HELLER, Exposition de peinture
« La pittura e cosa mentale », Léonord de Vinci
20350=Mots en Couleurs
Du VENDREDI 10 FÉVRIER Au DIMANCHE 25 MARS 2012
Salles d’exposition situées rue des Potiers
Horaires d’ouverture :
Du mardi au dimanche de 10h à 12h et de 14h à 17h30
Fondation Carzou, 7-9, bd Elémir Bourges, 04100 Manosque / Tel : 04-92-87-40-49 - Mél : fondationcarzou@gmail.com
En 1921, le grand critique d’art Elie Faure écrivait : « Il y a encore, il y aura encore des peintres, beaucoup de peintres, mais la peinture, c’est fini. »
Lili HELLER fait partie de ces jeunes artistes contemporains qui ont choisi de relever le défi et qui démontrent avec brio que la peinture est loin d’être morte.
Non pas en réalisant des peintures qui viendront s’ajouter de manière anonyme à la masse de productions picturales qui nous entourent mais en proposant, par le biais de ce médium, une réflexion sur l’espace physique et l’espace mental ; réflexion axée, in fine, sur l’Homme, à la fois être de chair et formidable machine à penser, et sur les relations qu’il entretient avec son environnement en perpétuelle mutation.
Car, même si l’homme n’apparaît jamais physiquement sur ses toiles il n’en demeure pas moins présent ; je dirais même que la déambulation de son esprit, ses circonvolutions mentales envahissent totalement l’espace pictural.
La peinture offre ici à l’artiste un espace de jeu et de liberté extraordinaire qui lui permet de décloisonner la pensée, de circuler librement à travers les formes et les couleurs. Le tableau est devenu un lieu virtuel, dépourvu de tous repères géographiques, de toute notion de temps.
Mais attention, tout est maîtrisé, pas question de dispersion chaotique : les coulures, les « taches », les formes biomorphiques dialoguent avec des structures rigides, des formes géométriques, et des aplats de couleurs savamment dégradées. Rien n’est laissé au hasard.
Ce double aspect peut s’expliquer par la volonté qu’a l’artiste d’ancrer la présence de l’homme en tant qu’être intuitif dans un espace organisé. Car, du moment où l’on s’intéresse à l’individu on s’intéresse aussi à la société qui le façonne ; une société qui pose des limites, conditionne, industrialise et injecte de l’artifice dans notre environnement naturel.
Dès lors, une série d’oppositions apparaît : le naturel côtoie l’artificiel, l’industriel affronte l’organique, le spontané bouscule le maîtrisé.
Ainsi, les espaces montrés apparaissent tout à fait cohérents du point de vue de l’illusion perspective mais néanmoins complètement irréalistes de par leur agencement et l’abolition de repères spatio-temporels.
La toile, qui constitue un premier espace matériel accueille un autre espace, figuré cette fois-ci, qui tente de représenter une vision extrapolée du monde visible.
La virtuosité avec laquelle Lili HELLER passe d’un espace physique à un espace mental, du signifiant au signifié ne devrait pas laisser insensible les visiteurs.
La Fondation Carzou est extrêmement fière d’exposer le travail de cette jeune femme talentueuse à l’avenir très prometteur ; par ce choix, elle démontre encore une fois une volonté certaine d’agir en faveur de la création contemporaine.
Aude Mazel,
Attachée culturelle de la Fondation Carzou
L’exposition
Lorsque j’ai vu pour la première fois les toiles de Lili Heller, une célèbre citation de Léonard de Vinci m’est directement venue à l’esprit : « La pittura e cosa mentale » (« la peinture est une chose de l’esprit »)*. Si le savoir-faire est indéniable, l’idée, le concept sont tout aussi importants et donnent à la peinture sa vraie légitimité.
L’artiste a souhaité garder ce titre auquel elle a rajouté le terme de « régénérescence » ; Ce substantif fait-il référence aux formes qui semblent surgir de nulle part et se nourrir de rien dans un espace virtuel très épuré ? Ou bien cela fait-il allusion à la pratique même de la peinture perçue comme un processus vital permettant de régénérer l’être ? Plus clairement au pouvoir de la création ? Peut-être les deux….
Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une constante évolution dans la pratique de Lili Heller, évolution très visible dans cette exposition qui présente une cinquantaine d’oeuvres réalisées entre 2003 à 2010.
La scénographie tient compte de cette chronologie mais aussi des rapports de formes et de couleurs qui peuvent s’instaurer entre plusieurs tableaux.
A propos de cette exposition, Lili Heller dit :
« Carzou a déployé formes et couleurs sur ces parois pour faire éclater ses paysages et nous proposer un constat inquiétant sur l’humanité.
Pour cette exposition, j’ai voulu saisir des fragments de son Apocalypse pour les poursuivre ou les faire basculer dans d’autres rapports, d’autres temps, d’autres échelles.
Les mêmes points primordiaux saisissent les artistes. Ici se rencontrent des manières de voir et puis de faire voir des visions. Tantôt dans un pessimisme objectif, tantôt dans un espoir partagé.
Du végétal, écrasé, redressé, envahissant. Des murs cloisonnants, amovibles, ou s’effaçant…
Rêver éveillé…
Tout s’entremêle, regorge de vie ; l’architecture dans l’espace partagé, sans pertes ni fracas… La machine dans le vivant, sans altérer une indispensable éthique essentielle ni les repères essentiels des conditions de vie et du vivant…
Des possibles…
C’est comme si le haut devenait le bas. Et le bas, le haut. On met tout sens dessus dessous.
Après on s’étonne.
Plutôt un étonnement positif.
La pratique de la peinture et du dessin ouvre sur ces possibles… En pleine distanciation, en plein songe.
Par cette pratique je provoque et vis directement et de manière sensible l’expérience de mettre à sac des réalités insupportables. Je tente de rendre perceptible d’autres transformations, d’autres agencements, d’autres possibilités. L’acte sensible, conscient et sensé de dessiner et de peindre propose autre chose, ouvre sur d’autres manières de voir. Il se base sur ce qui compose nos quotidiens morcelés dans une urbanisation à repenser, contournant, sans les ignorer, la standardisation et la production des images issues des nouvelles technologies.
* Trattato della pittura di Lionardo da Vinci, Paris, Giacomo Langlois, 1651.
Le dessin et la peinture permettent une mise à l’épreuve de ce qui constitue le monde dans lequel on doit vivre. Chaque tableau, ou dessin, défie les éléments de notre réel ainsi que les lois incertaines de notre société, de la physique ou encore de la cosmologie.
Chacune de mes oeuvres étend les points de vue et offre la possibilité de réunir des fragments d’un ensemble très complexe, composé de visible tout comme d’invisible, afin de matérialiser des visions, des sensations, des questionnements…
Au fond, je tente de saisir par où passe la vie et comment elle triomphe ou suffoque, implose, se répand, encore… ».
CONTACTS
Lili HELLER
Tel : 00 353 86 395 14 88
Email : [liliheller@gmail.com-mailto:liliheller@gmail.com]
Fondation Carzou
Tel : 04-92-87-40-49
Email : fondationcarzou@gmail.com